L’Institut de recherche en technologies industrielles (ITRI) a annoncé hier qu’il exclut l’accès à sa plateforme interne à tout équipement Huawei à compter de ce mardi 15 janvier midi invoquant le facteur de sécurité internet et de l’information.
Huawei est le premier fournisseur mondial d’équipements de télécommunication et d’Internet, avec un chiffre d’affaires global de 92,55 milliards USD en 2017. Ses produits sont utilisés dans 170 pays. La société a été fondée en 1987 par un ancien ingénieur de l’Armée populaire de libération, ce qui pourrait indiquer des liens cachés entre elle et le PCC.
Un renforcement de la sécurité de l’information, pas un boycott
En effet, Huawei fait ces derniers temps l’objet d’une méfiance à l’échelle internationale allant jusqu’à l’appel des Etats-Unis à boycotter tous les matériels de Huawei mais aussi de ZTE pour des « raisons de sécurité ». La cause ?
Des soupçons arguant le fait que le constructeur chinois intégrerait ce qu’on appelle des portes dérobées à ses équipements, des sortes de cheval de Troie à des fins d’espionnage. Depuis fin novembre 2018, les Etats-Unis multiplient les appels au boycott de Huawei, parfois en menaçant qu’un non-boycott conduise à un gel des coopérations commerciales. Taiwan ne le sait que trop bien puisque c’est sans détour que Rupert Hammond-Chambers, le directeur du conseil du commerce Etats-Unis-Taiwan, a évoqué la question. Rappelant le souhait américain que ses alliés n’utilisent plus les équipements technologiques du constructeur chinois, Rupert Hammond-Chambers a déclaré que si Taiwan continuait à utiliser ces équipements, il n’y aurait pas de coopération possible avec les Etats-Unis.
Une méfiance qui gagne les opérateurs internationaux
Et Taiwan n’est pas le seul à se méfier de l’équipementier chinois dans le sillage du boycott américain. En Europe par exemple on peut citer Deutsche Telekom, British Telecom ou encore Orange qui ont annoncé le mois dernier reconsidérer leurs achats avec Huawei allant même jusqu’à la volonté d’exclure l’équipementier chinois de certains projets comme le développement de la 5G en France par Orange pour des questions là aussi de « sécurité nationale ».
Après avoir étudié toutes les facettes de la question, l’ITRI a décidé également de ne courir aucun risque, arguant la méfiance accrue face au réel risque que représentent les matériels de Huawei. Depuis ce mardi midi, tous les utilisateurs des smartphones du fabricant chinois, de ses ordinateurs notebook, tablettes ou autres équipements se voient refuser systématiquement l’accès à la plateforme interne de l’Institut. Un intranet sélectif par mesure de sécurité. Cependant, l’ITRI précise que son site web qui est ouvert au grand public reste accessible sans restriction et que les produits de Huawei peuvent le consulter, soulignant que cette mesure ne vise pas un boycott de l’équipementier chinois mais une optimisation de la sécurité de l’information et du bon fonctionnement de l’intranet de l’Institution. En effet, il faut préciser que le réseau intranet de l’ITRI héberge une grande partie des résultats de recherche et du savoir-faire de l’institution. La sécurité de l’information suscite donc des inquiétudes quant à l’accès autorisé aux produits décriés de la marque chinoise. Ces restrictions se basent sur les nouvelles réglementations qui régissent la sécurité de l’information adoptées par l’Institution dernièrement et entrées en vigueur depuis ce mois de janvier. Ces réglementations renforcent notamment la supervision de ses informations et autorisent donc une telle interdiction d’accès.
Réaction de Huawei par la voix de son agent commercial à Taiwan
Xunwei Technologies Co., agent commercial Huawei à Taïwan, s’attache à souligner que malgré la décision d’ITRI d’interdire l’accès aux produits Huawei, tous les produits Huawei commercialisés sur le marché taïwanais sont conformes à la réglementation taïwanaise et aux exigences de la commission nationale des communications et que le fournisseur chinois n’enfreint aucunement la loi.
Xunwei souligne en outre que la marque détient une part de marché de 6,6% pour le secteur des smartphones de Taiwan. C’est-à-dire que Huawei compte parmi les cinq principaux fournisseurs sur le marché taiwanais de la téléphonie mobile.