Lorsqu’on parle de chanteuse aborigène Taiwanaise, la première personne qui vient à l’esprit est la chanteuse Amei ou de son nom mandarin Zhang Hui-mei, cependant, la véritable icône de la première génération des chanteurs aborigènes populaires est bel et bien « Ceko ».
Très connue au Japon pour avoir écrit toutes ses chansons aborigènes en phonétique japonaise, la star revient au devant de la scène après 40 ans d’absence.
Née en 1943, dans le village aborigène Amis de Falangaw ou Malan Puluo à Taitung dans le sud-est de Taiwan, la chanteuse a grandi dans un environnement très masculin étant la dernière après sept garçons.
Mais dès son plus jeune age on pouvait l’entendre fredonner dans les rues du village , elle nous raconte :
‘’Mon père est décédé alors que j’étais encore toute petite, j’ai grandit sans lui. Donc partout où ma mère allait , je la suivais.
Souvent, elle m’appelait : « Ceko », c’est mon nom aborigène, « Ceko ! kalong makiyu!» Ceko vient chanter ! Je me levais, quand des ainés vous disent de chanter vous le faites tout de suite, donc je me levais et chantais : «Naruwan…. Naruwan ». C’est cette chanson qui est devenue ensuite connue sous le nom de « Taiwan Hao, Magnifique Taiwan ».
Dès son adolescence elle commença à chanter à l’hospice pour les vétérans, voisin du village, puis pour les condamnés de la prison de Yanwan.
A 15 ans on l’invita de plus en plus à venir chanter à la radio de Taitung :
« Un jour , alors que j’étais à la radio, une personne m’a demandé de venir chanter à son émission de midi « Je chante pour vous », alors je venais souvent chanter en aborigène ou en mandarin et sans accompagnement musical. »
Comme je faisais souvent mon tour de chant là-bas , c’est là que j’ai connue les soeurs Bao, Nini et Nana , à l’époque Nini était en sixième et Nana en CE1.
A cette époque, dès qu’il y avait une réception à Taitung c’était nous trois qui assuraient les chants.
Elle participera deux fois au concours de chant de la radio en 1963 et 1969 où elle finira deux fois seconde.
C’est après le concours de 1969 que sa carrière décollera vraiment.
En utilisant la phonétique japonaise comme support pour rédiger ses chansons, elle écrira plus de cent chansons au rythme et au style aborigène.
« amours de Malan », « Magnifique Taiwan », « accompagner son amant à l’armée », « Danse de bienvenue Amis » sont parmis les plus emblématiques.
Ses chansons deviennent de plus en plus populaires et certaines soirées restent gravées dans sa mémoire dont ces soirées où elle devait se produire dans différents hôtels et clubs du quartier de Zhongshan à Taipei :
« Le soir vers 18 heures j’étais dans le quartier des six passages (六條通), il y avait 9 établissements, 9 établissements !
On chantait parfois une demi-heure parfois une heure, mais au moins une demi-heure. Après je devais prendre ma robe de soirée, comme ça, et devait courir, pour aller à l’établissement suivant, de toute manière tout était dans ce quartier.
Au début des années 70 sa notoriété devient international et en dehors de Taiwan, elle commença à se rendre à Hong Kong, en Corée, à Singapour et aux Philippines entre autre.
Mais là où elle chanta le plus fût le Japon.
Il fallut qu’elle s’adapte aux demandes de chacun, ce qu’on lui demandait de chanter, il fallait qu’elle le chante. En plus de son répertoire à Taiwan, il fallait qu’elle apprenne des chansons en japonais ou en coréen. Ce n’était pas toujours très simple :
« A chaque endroit, il fallait que je chante la chanson qu’ils aimaient (en parlant des organisateurs) : et si je voulais chanter à un endroit, pendant 2 à 3 semaines, il fallait que je m’entraîne.
J’aimais beaucoup apprendre , le patron japonais me disait que je devais connaître dix chansons par coeur et qu’en deux semaines je devais les finir. »
Elle écrivit également ses propres textes inspirés d’histoires personnelles. Par exemple, la chanson « accompagner son amant à l’armée » qui s’était inspiré d’un de ses grands frères parti à l’armée :
« Mon grand frère était à l’armée à Kinmen. A l’époque il y avait des conflits avec la Chine ou quelque chose comme ça, mon frère disait : « A l’armée, on est dans des bunkers. On ne sait pas si c’est le matin , si c’est le soir ou en plein milieu de la nuit. » Il disait tout ça dans des lettres à ma mère, j’en attrapais une par-ci et par-là. »
A la suite de sa grande notoriété pendant plus de vingt années, « Ceko » se fit de moins en moins présente sur les scènes dans les années 80.
Elle faisait parfois des apparitions surprises dans certaines fêtes aborigènes locales.
Elle s’est fait tellement discrète ces dernières années que même certains de ces fans qui la rencontraient lors de ces fêtes se demandaient si ses apparitions n’étaient pas une imposture.
Elle explique cependant que son mari l’a poussé récemment à retourner sur scène partager sa passion du chant aborigène.
Cela fait maintenant 2 ans qu’elle a repris le micro et participe à de plus en plus d’événements.
Elle est entrain de préparer un nouvel album mais surtout son premier concert à Taipei depuis 40 ans.
Pour ceux d’entre vous qui désireraient l’écouter vous pourrez la retrouver au Legacy mardi prochain 28 mai.